Vers
la fin de la dynastie des Li, à Ham-haing, vivait un étudiant en
médecine nommé Imsaing. Dès son jeune âge, il parcourut les huit
provinces afin d'étudier, auprès des plus célèbres médecins, les
théories des sciences médicales et de la thérapeutique par les plantes.
Un
jour, après avoir cheminé nuit et jour, il parvint au coucher du soleil
sur une colline. Epuisé, il s'affala sur un rocher. Il vit alors un
animal jaunâtre qui creusait le sol : une belette.
Intrigué, Imsaing
s'approcha. La belette le regarda fixement, d'un air hostile. Elle émit
un pet puant, puant si fort, que le nez d'Imsaing s'en offusqua, et
qu'il eut du mal à respirer. C'est par cette odeur offensive que la
belette se défend contre ses ennemis. Puis la belette reprit son travail
et édifia en peu de temps un tertre où elle avait pratiqué un orifice à
sa taille. Elle se reposa un instant, puis disparut sous un rocher.
Peu
après, elle ressortit, éperdue, revenant à son tertre. Elle était
poursuivie à toute allure par un serpent long de deux brasses, au corps
épais comme un tronc d'arbre. Le serpent ouvrit grand la gueule, comme
s'il n'allait en faire qu'une bouchée. La belette lui lança un pet
incroyablement puant et se réfugia dans son trou, où le serpent la
suivit. Imsaing ne pouvait pas voir les combattants, mais imaginait la
violence des coups d'après les oscillations du tertre.
Soudain, la
belette sortit du trou, jeta un coup d'œil à l'intérieur et y enfonça
son museau. Le corps du serpent émergea. La belette le mordit férocement
et l'acheva. Imsaing, de plus en plus intrigué, regardait avec
attention la belette qui fendait de ses griffes la peau du serpent pour
lui ouvrir le ventre.
Elle en sortit trois petites belettes mortes,
disparut un instant, revint avec des herbes. Elle en frotta le museau de
ses petits. Au bout d'une demi-heure de soins, les petites belettes
recouvrèrent la vie. Alors, la mère belette disparut avec sa
progéniture.
Cet événement merveilleux éveilla la curiosité du
médecin Imsaing. Il ramassa les herbes que la belette avait abandonnées,
les examina, les mit soigneusement dans sa poche et s'en fut. Et c'est
depuis qu'il sait soigner les morsures de serpent.
D'après Maurice Coyaud et Jin-Mieung Li, Contes et légendes de Corée, Flies France, Paris, 2003, pp. 108-112.
Depuis
l'antiquité, le thériaque est réputé être l'antidote idéal à tous les
venins. Jusqu'au 19ème siècle cette préparation pharmaceutique contient
de la poudre de vipères séchées.