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Editorial


Depuis l'ouverture du musée du quai Branly, le département de recherche et d'enseignement de cette institution entretient d'étroites relations avec l'Ecole du Louvre. Aussi, lorsque Claire Merleau-Ponty et Marie Gautheron nous ont présenté l'amorce du projet serpent', nous leur avons d'emblée prêté une oreille attentive, d'autant que le projet se distinguait par son inventivité pédagogique : il s'agissait non seulement de proposer à des étudiants de master de concevoir et de réaliser, en l'espace d'une année, une vraie' exposition, avec des objets de musée, mais en plus de faire travailler ensemble des élèves de l'Ecole du Louvre et de l'Ecole Normale Supérieure Lettres et sciences humaines, deux groupes qui ne se connaissaient pas et dont la formation, les orientations et la culture de travail n'étaient pas semblables.
Je souhaitais donc associer mon département à cette initiative, mais nous nous sommes d'emblée heurtés à une difficulté majeure : tous les espaces d'exposition du quai Branly étaient réservés pour des expositions planifiées depuis longtemps, et les responsables du musée était très réticents à l'idée d'improviser une exposition, fut-elle expérimentale et à visée pédagogique, dans un espace non prévu pour cette utilisation.
Cette situation décourageante aurait pu signer le glas du projet. En réalité, elle lui a permis de s'épanouir et de prendre une vraie ampleur, en le poussant à suivre sa pente naturelle, celle de la créativité dans l'art de rassembler des institutions, des personnes et des idées variées tout en mettant à profit leurs différences. Le talent des initiatrices du projet a été d'assumer à la fois les risques et les opportunités qu'offraient les nombreuses difficultés pratiques auxquelles elles se heurtaient. Le MQB ne pouvait prendre en charge l'exposition, même s'il était tout prêt à ouvrir ses collections pour sa réalisation et à participer à la production du catalogue qui devait l'accompagner : il fallait donc imaginer d'autres formes de participation si l'on voulait s'associer au projet. C'est ainsi qu'est née l'idée de valoriser l'inventivité pédagogique du projet en réalisant un making of' de l'entreprise, bref de lui ajouter un niveau de réflexivité  - et de complexité- supplémentaire, matérialisé dans des documents audio-visuels accessibles à un large public. Le projet s'enrichissait ainsi de nouvelles productions, en sus de celles prévues dès l'origine : un catalogue numérique faisant office d'exposition virtuelle, un film documentaire, un programme très fourni d'accompagnement et d'animation de l'exposition, puis un logiciel de jeu en plusieurs variantes...
Par ailleurs, l'accueil offert par le Musée des Confluences à l'exposition lui a ouvert la possibilité de puiser dans les collections d'histoire naturelle, et du coup a orienté l'élaboration du scénario vers une voie originale : au lieu de présenter et d'interpréter des œuvres exotiques' illustrant des représentations symboliques relatives aux serpents, selon une démarche classique, les élèves ont pris le parti de montrer ce qui est bon à penser dans le serpent et son éthologie, ce qui sert d'accroche à la perception et constitue la matière première de l'élaboration symbolique dans différentes univers culturels, en mariant des objets naturels' et des objets culturels' traités sur un pied d'égalité sur le plan scénographique. Restait à mettre en scène ce schéma d'exposition dans l'espace de la Rotonde du Musée des Confluences. Fidèles à leur méthode, les responsables du projet ont sollicité un nouveau partenaire, l'ENSAL, pour inviter ses élèves à se joindre au projet en imaginant une scénographie pour le récit visuel élaboré par les étudiants de l'Ecole du Louvre et de l'ENS-LSH. 

Les vertus formatives d'un tel projet n'ont guère besoin d'être soulignées. Participer à un collectif aussi composite avec un objectif commun à réaliser dans des délais fixes est toujours une salutaire expérience. Elle l'est d'autant plus si ce collectif inclut des objets. Traiter avec  des artefacts est en effet tout autre chose que penser sur eux : parce qu'ils sont toujours accrochés à des institutions, des personnes, des habitudes locales de classification et de gestion, ils sont notoirement plus récalcitrants que les idées. En même temps, ces filaments par lesquels les œuvres adhèrent à leur environnement sont autant d'ouvertures vers d'autres interlocuteurs, autant d'occasions d'exercer l'imagination pratique, dimensions dont les membres du projet ont su faire  leur miel. Enfin, travailler dans un cadre si riche en ressources disponibles pour l'extension du projet, et sous la conduite de tuteurs aussi doués pour la maïeutique que le sont ses responsables, ne peut que susciter chez tous les participants un engagement fort, gage d'intelligence et d'exigence dans la réalisation des multiples productions que les traces du serpent' ont fait naître.

Anne-Christine Taylor,

directeur du département de la recherche et de l'enseignement du musée du quai Branly, et présidente du comité scientifique du projet « Sur les traces du serpent ».


 

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Mise à jour le 2 novembre 2008
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