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Chapitre 34. Formule pour que l'homme ne soit pas
mordu par le serpent dans les divines régions inférieures. O cobra ! Je
suis une tête de flamme (uraeus) rayonnant pour des millions d'années
sur les plantes qui se renouvellent, éloigne-toi de moi car je suis
Mafdet (déesse félin)
D'après Le livre des morts des anciens Egyptiens, Traduction complète d'après le papyrus de Turin et les manuscrits du Louvre par Paul Pierret, Paris, Ernest Leroux Editeur, 1882 (p.125)
Dans l'antique royaume du Bénin (au sud de l'actuel Nigéria), l'Oba est l'intermédiaire tout-puissant entre le monde des hommes, et celui des esprits, ancêtres ou dieux
«
Le dieu Olokun, fils du créateur Osanobua, constitue l'une des colonnes
spirituelles qui est en étroite relation avec la puissance surnaturelle
du roi. Intimement lié à l'eau, à la richesse, à la beauté et à la
fertilité, il représente le monde dans sa perfection. Les animaux qui
lui sont le plus étroitement associés sont le serpent et le crocodile,
qui ont une aptitude particulière à pouvoir vivre tout à la fois sur
terre, domaine de l'homme, et dans l'eau, domaine d'Olokun » (Armand
Duchâteau, Bénin Trésor Royal, éd.Dapper 1990). Le
serpent est particulièrement lié à deux divinités : Olokun (la
mer), associé au silure, au crocodile, et au python, et
Olosun ; (...) Olosun, la force spirituelle qui conférait leur
puissance aux plantes médicinales, aux insectes, aux reptiles, et aux
autres produits dangereux de la
forêt.
Aux XVIè et XVIIè siècle, en particulier au contact des négociants portugais, les artistes
sculpteurs de la cour de l'Oba ont développé une figuration spécifique,
et des supports originaux, en particulier des plaques de bronze,
décorées de hauts ou bas-reliefs aux motifs chargés de symboles. Les
serpents sont en effet présents partout dans l'art du Bénin ; ainsi
: (...) d'énormes têtes de serpents, des fragments de corps de
serpents décoraient les toits des bâtiments et étaient destinés à être
vus de loin.
Exposition au musée du Quai Branly, Bénin, 5 siècles d'art royal,
2 oct.2007 - 6 janv.2008, exposition produite par le musée
d'ethnographie de Vienne. Commissaires : Barbara Plankensteiner, Yves Le
Fur.
L'allusion humaine est ainsi constante dans toutes les représentations parlées ou jouées du dieu, accusée de temps en temps par un symbolisme spécifique, comme dans le cas de Dan, serpent python et arc-enciel, messager unissant les êtres et les mondes, symbole de fécondité dont deux avatars s'identifient l'un au cordon ombilical qui conduit l'enfant jusqu'au sol où la mère accouche, l'autre au pénis dont il est le produit et que symbolise en retour le palmier ho-de.
Marc Augé, Le Fétiche et le corps pluriel, Corps des dieux, sous la direction de Charles Malamoud et Jean-Pierre Vernant, Gallimard 1986, p.171.
Le
dieu Dan (serpent) est associé à plusieurs divinités voduns, du Bénin à
Haïti : Danballa Hwédo, et l'Esu Elegbéra des Yoruba, Legba chez les
Fon, le gardien des portes, en particulier celle des temples, et des
carrefours. Dieu contradictoire de l'ordre et du désordre, du Bien et du
Mal, ses figurations phalliques ont contribué à son identification à
Satan par les missionnaires. C'est aussi le maître de la magie.
(...) Or, Gilgamesh, ayant aperçu
un trou d'eau fraîche,
s'y jeta
pour se baigner.
Mais un serpent,
A l'odeur de la plante,
Sortit[ furti]vement (de son terrier)
Et l'emporta :
Et, en s'en retournant,
Il rejeta une peau.
Jean Bottéro, L'épopée de Gilgamesh, le grand homme qui ne voulait pas mourir Traduit de l'akkadien et présenté par Jean Bottéro, Paris, Gallimard, 1992 (203)
Le
dixième livre du Bhagavat Pourana conte des épisodes de la
jeunesse de Hari Krichna, jeune et séduisant berger, dont la
divinité se révèle par ses exploits : il terrasse de nombreux
adversaires, il délivre le serpent Kâlî, puis le serpent Vidyàdhara.
Chapitre 17. La délivrance du serpent Kâlî.
(...)
Voici le prodige qu'accomplit Krichna, habile aux oeuvres
merveilleuses. - comme le serpent produisait un venin terrible e brûlant
comme le feu, Krichna-Mourâri se plaça intrépidement sur sa
crête; - il frappait les mille têtes du monstre à coups redoublés, et
celui-ci ne reconnaissait pas le dieu plein de miséricorde envers les
humbles.La femme du serpent adresse alors une supplication à Krichna ;
le dieu lui ordonne alors de partir avec Kâli sur l'île de Râvana
(Ceylan) - sans crainte d'y être dévorés par l'oiseau Garouda, qui y
habite. Il s'en alla dans l'île de la mer, le serpent, avec ses enfants
et sa jeune femme. - Quand, rugissant comme la foudre, Garouda voulut le
saisir dans ses serres, il reconnut (...) la marque du lotus du pied de
Krichna qui s'était produite sur la tête de Kâli.
Chapitre 33. La délivrance du serpent Vidyàdhara
Les
bergers de Gokoula sont partis avec Krichna et Nanda, son père adoptif,
dans la forêt consacrée à Parvati la femme de Shiva, faire un voeu à
Shiva.
(...) Les bergers, remplis d'allégresse, firent cuire
des gâteaux, et passèrent toute la nuit à veiller en chantant. - Or, un
serpent boa vint de ce côté, sans que Nanda s'aperçut de sa
présence; - ce serpent, sachant ce qu'il faisait, mordit Nanda,
qui, dans un clin d'oeil, chancela et tomba en ce même lieu. - Nanda
cria aussitôt : O Krichna! Viens à ton père ! - ce serpent, par sa
morsure, m'a fait tomber; si ce n'est toi, ô Govinda, qui me sauvera ? -
à ces mots, Hari courut, tua le serpent, et sauva Nanda; - il frappa le
serpent en s'appuyant sur le pied gauche, mais l'animal prit alors la
forme d'un être surhumain
Krichna interroge alors Vidyàdhara
ce
corps de serpent, comment l'avais-tu obtenu? - je suis Vidyàdhara
( celui qui possède la science magique (...), enflé par l'orgueil,
méconnaissant la science des choses spirituelles ;
Vidyàdhara raconte alors qu'une prédiction avait annoncé sa délivrance :
Krichna,
dans sa colère, te frappera d'un coup de pied, et te sauvera ainsi de
la condition infime dans laquelle tu vas renaître maintenant - depuis
longtemps, je suis à l'état de serpent, mais voilà que j'ai obtenu de te
voir manifesté sur la terre, ô miséricordieux !(...)
D'après Bhagavat Dasam Askand, Dixième livre du Bhagavat Pourana traduit par Théodore Pavie, Paris, Benjamin Duprat, Librairie de l'Institut, 1858 (p. 68-70, 110-112)
Le
serpent était le plus rusé de tous des animaux des champs que Jéhovah
Dieu avait faits. Il dit à la femme: « Est-ce que Dieu aurait dit
: « Vous ne mangerez pas de tout arbre du jardin? » La
femme répondit au serpent: « Nous mangeons des fruits des arbres du
jardin. Mais, du fruit de l'arbre qui est au milieu du jardin, Dieu a
dit: Vous n'en mangerez point et vous n'y toucherez point, que vous ne
mourriez. »
Le serpent dit à la femme : « Non, vous ne mourrez
point, mais Dieu sait que, le jour où vous en mangerez, vos yeux
s'ouvriront et vous serez comme Dieu, connaissant le bien et le mal ».
La femme vit que le fruit de l'arbre était bon à manger, agréable à
la vue et désirable pour acquérir l'intelligence ; elle en prit et
en mangea ; elle en donna aussi à son mari, qui était avec elle,
et il en mangea. Leurs yeux à tous deux s'ouvrirent et ils connurent
qu'ils étaient nus ; et ayant assemblé des feuilles de figuier, ils s'en
firent des ceintures. (...)
Jéhovah Dieu dit au serpent: « Parce que
tu as fait cela, tu es maudit entre tous les animaux et toutes les
bêtes des champs ; tu marcheras sur ton ventre, et tu mangeras la
poussière tous les jours de ta vie. Et je mettrai une inimitié entre toi
et la femme, entre ta postérité et sa postérité ; celle-ci te meurtrira
à la tête, et tu la meurtriras au talon.
Un
autre signe parut encore dans le ciel : tout à coup on vit un grand
dragon rouge, ayant sept têtes et dix cornes, et sur ses têtes, sept
diadèmes ; de sa queue, il entraînait le tiers des étoiles du ciel, et
il les jeta sur la terre.
Et il y eut un combat dans le ciel : Michel
et ses anges combattaient contre le dragon... Et il fut précipité, le
grand dragon, le serpent ancien, celui qui est appelé le diable et
Satan, le séducteur de toute la terre (...)