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En
partenariat avec le musée du quai Branly (MQB) et le musée des
Confluences (MC), l'Ecole du Louvre (EDL) et l'Ecole Normale Supérieure
Lettres et Sciences humaines (ENS-LSH) proposent en 2007-2008 un
séminaire pluridisciplinaire mettant en œuvre la théorie et la pratique.
Ce
séminaire de master 1/2 a une double vocation : former les étudiants
d'un point de vue théorique à une question relevant des arts
extra-occidentaux et à leur médiation ; les initier à la direction de
projet et à la méthodologie de l'exposition et des publications
imprimées et électroniques. Les étudiants seront les jeunes commissaires
invités d'une exposition (sur deux sites) et seront les auteurs d'une
publication papier et en ligne.
En fonction de la configuration des
espaces dédiés aux deux expositions, conçues comme complémentaires, et
des moyens mis en oeuvre par chacun des deux musées, l'exposition
présentera des objets choisis dans leurs collections (représentations
graphiques et réalisations techniques) pour interroger un aspect
du symbolisme dans la création plastique. Le catalogue et les supports
multimédias seront communs aux deux expositions.
Professionnalisant, ce séminaire a pour objectif de donner des compétences fondamentales, dans le domaine des arts extra-occidentaux, à de futurs acteurs de haut niveau des mondes de la recherche, de la conservation, et de la médiation culturelle. Sa conception « théorico-pratique » repose sur la conviction que la pertinence et l'efficacité d'une formation, particulièrement lorsqu'elle engage un rapport sensible aux objets, à leur circulation, et à leur présentation, dépendent étroitement de la possibilité d'expérimenter des situations concrètes - de mettre en place des savoir-faire, en confrontant, aux savoirs scientifiques, la rencontre avec les objets, les sites, les acteurs et les publics.
Dans
un premier temps (semestre 1, 2 x 20 étudiants ENS/EDL), ce séminaire
offre une formation théorique (intervenants extérieurs), accompagnée
d'une découverte des collections, en 3 sessions de 3 jours, à Paris et à
Lyon.
Dans un second temps (semestre 2, 2 x 10 étudiants ENS/EDL),
et dans le cadre d'un tutorat, il accompagne la conception des scénarios
d'exposition, la conception et la réalisation des supports de médiation
(publication papier, « making-of » audiovisuel de l'exposition,
supports multimédias des expositions).
L'ensemble des productions des étudiants (scénario d'exposition, textes, projets éditoriaux) sera soumis au Comité scientifique composé de 2 membres de chacune des 4 institutions impliquées (MQB, MC, EDL, ENS-LSH), pour validation définitive et évaluation des travaux réalisés.
La publication de l'ouvrage, (suivie en particulier par Hélène Cerutti au MQB), se fait en co-édition par les 4 partenaires concernés, de même que la création des supports multimédias, qui seront réalisés par le Service Commun Audiovisuel et Multimédia (SCAM) de l'ENS-LSH.
La scénographie de l'expositions sera réalisée dans le cadre d'un partenariat avec l'Ecole Nationale Supérieure d'Architecture de Lyon
Le travail « pratique « du second semestre aboutira à la réalisation de :
Une exposition d'objets,
une publication papier,
une publication numérique,
un film (making of)
L'exposition,
réalisée avec 100 à 150 objets issus des collections du musée du
Quai Branly et du muséum-Confluences, se tiendra à Lyon (Rotonde du
muséum)
du 6 novembre au 20 décembre 2008
Cette exposition privilégiera une optique de confrontation des objets et des cultures.
Une
enquête d'évaluation sera engagée conjointement par l'équipe du
muséum/Confluences, l'EDL, L'ENS-LSH, et des chercheurs associés.
Le muséum/Confluence met en place une équipe, sous la direction d'un chef de projet, pour accompagner cette réalisation.
La médiation de l'exposition sera assurée par les acteurs du projet.
Un programme culturel accompagnant l'exposition sera établi et réalisé dans le cadre d'une collaboration entre les partenaires.
Parallèlement à l'exposition lyonnaise, le projet « Sur les traces du serpent » sera présenté au musée du Quai Branly (mise à disposition du mutimédia sur les bornes de consultation, projection du making of)
Les collaborations seront éventuellement encadrées par des Conventions, selon les voeux de chacune des institutions.
«
Le serpent est l'un des archétypes les plus importants de l'âme
humaine. » Gaston Bachelard, La Terre ou les rêveries du repos.
«
...Le serpent est en définitive un symbole international qui répond à la
question : d'où viennent toute la destruction, toute la mort et la
souffrance du monde ? » Aby Warburg, Le rituel du Serpent.
« Sur les traces » rend compte à la fois :
-
de la visualité propre de son objet - la morphologie des reptiles les
apparentant plus que tout autre animal à la linéarité - la « trace »
graphique ; de l'imagination dynamique inhérente à l'image de ce qui par
nature glisse, enlace, se dresse ou se mord la queue ; dans le serpent,
avant même son identification - de ce qui rampe, se love, sinue, ou
serpente.
- des affects et pratiques engagés dans notre rapport
aux serpents : fascination, espoir d'abondance et de protection, peur ;
chasse, collecte, rituels, exploitation (médecine, artisanat...),
représentations plastiques et arts du spectacle vivant.
mais aussi :
-
de la spécificité d'un projet-processus de formation (le « making-of »
de la réalisation, consultable sur une borne, rendant compte du parcours
effectué)
et, avant tout :
- de la volonté de confronter les
publics à la notion de systèmes symboliques, à travers des objets et un
scénario qui mettront en évidence leur richesse et leur complexité dans
un parcours muséographique, et les inviteront à s'impliquer dans la
construction d'une vision multiculturelle.
« du serpent » :
le
choix de ce thème procède d'une volonté de faire appréhender aux jeunes
auteurs-commissaires et à leurs publics, le continuum existant, au sein
des systèmes symboliques, entre le réel empirique et ses
représentations plastiques, jusqu'aux évocations graphiques ;
d'interroger à cette occasion les liens complexes entre symbole et
signe, figure et ornement, abstraction et figuration ; de renouveler
notre rapport au monde, à travers la perception de l'épaisseur et de la
diversité des relations existant, dans le vivant et les différentes
cultures, entre les hommes et les animaux ; et, dans le serpent même,
entre l'animal, le végétal, le tellurique et le cosmique.
Le choix d'un animal présent dans la quasi-totalité des cultures, comme dans la création plastique de la préhistoire permet à la fois :
-
de mettre en oeuvre l'ensemble des collections des musées partenaires (
- en valorisant en particulier la bipolarité des collections du
muséum/Confluences), et donc d'optimiser l'horizon théorique
anthropologique de la formation. A côté de réalisations plastiques
témoignant de la diversité des systèmes symboliques, il sera en effet
possible de présenter aussi bien des reptiles naturalisés, que des
traces graphiques (ligne serpentine ou circulaire) au statut
éventuellement incertain.
- et par là-même, de travailler sur la plus
grande variété possible de médiums (la formation muséographique de ce
séminaire visant, en particulier, à privilégier l'approche matérielle).
Le choix du serpent repose sur la volonté de travailler sur un objet dont la richesse symbolique est en raison inverse de son apparente simplicité formelle. Une approche fine des déclinaisons plastiques auxquelles la représentation de la peau des reptiles (- ou des attributs de leurs hybrides) a donné lieu viendra compléter et nuancer cette lecture.
L'exposition tentera de rendre compte du caractère multiforme d'un symbole sujet aux métamorphoses de toutes sortes - reflets de potentialités aussi puissantes que contradictoires.
Ce choix du serpent assume le caractère problématique de son objet - le dégoût, la relégation ou la diabolisation inspirés par le serpent dans la tradition occidentale lui étant un facteur d'intérêt supplémentaire. L'exposition, qui présentera le rôle fondateur, bénéfique et bienveillant du serpent sur d'autres continents et la capacité des reptiles à incarner des valeurs essentielles dans les cultures extra-occidentales (régénérescence, immortalité, fertilité, divination, médecine en particulier) permettant éventuellement de dégager à la marge, et a contrario, des interdits ou des amalgames dans la culture occidentale, à travers l'héritage antique et judéo-chrétien, comme dans la construction du savoir psychanalytique.