Dans la célèbre Epopée de Gilgamesh,
rédigée en akkadien, à la fin du récit, dans la onzième tablette,
Gilgamesh cherche l'immortalité. Après avoir appris qu'une plante de
jouvence peut lui redonner sa jeunesse, il décide d'aller la chercher au
fond de la mer et de la rapporter dans son royaume pour la faire tester
par un vieillard. Sur le retour, il se rafraîchit dans un trou d'eau,
quand surgit un serpent qui s'empare de la plante et « rejette
instantanément ses écailles ».
C'est ainsi, par ce récit
étiologique, qu'on expliquait la mue des serpents dont on pensait qu'ils
renaissaient à chaque nouvelle peau. Le serpent, outre ses
capacités de régénérescence, est aussi un animal que l'on craignait :
dans le texte, il est appelé « lion du sol » [1], nêshu sha qaqqari.
A
travers les langues sémitiques, d'autres représentations sont accolées
au serpent. Et parmi ces représentations, la plus connue est bien sûr
celle du Serpent du Mal, le Serpent Tentateur, que l'on retrouve dans
l'Ancien Testament rédigé en hébreu.
D'un point de vue linguistique, parmi les nombreuses formes lexicales rattachées à l'idée de « serpent », il semblerait que la forme proto-sémitique soit plus à chercher du côté du radical bathan, qu'on retrouve en éblaïte, en ougaritique, ou en arabe pour désigner la couleuvre.
Un autre radical, tout aussi répandu dans les langues sémitiques, semble intéressant pour notre réflexion :
- en ougaritique et en hébreu, le « serpent » se dit nahash
- en syriaque, il se dit hewya,
il est assigné à la racine H - W -Y. Or, la « vie » est, elle, assignée
à la racine la « vie » est assignée à la racine H-Y-Y. Ainsi, on
observe un rapport formel puisque les racines sont très proches.
- en arabe, on retrouve exactement la même racine - la racine H - Y - Y, qui signifie « vivre » ; or, hayya signifie à la fois un « être vivant », et un « serpent ». Ici, c'est donc exactement la même racine.
Le
mot « serpent » est un mot féminin en arabe, puisqu'il se termine
orthographiquement par un « t », et que le « t » final est une marque du
féminin en arabe.
La Porte aux serpents,
citadelle d'Alep
XIIIème siècle